Que défendons-nous ?
Chères spectateurs-rices,
Comme beaucoup d’acteurs culturels, nous venons de recevoir un courrier de la Région Pays de la Loire : celui-ci met fin à un partenariat de près de 20 ans.
Concrètement, de quoi parle-t-on ?
Le Théâtre du Champ de Bataille est soutenu depuis 2007 par la Région Pays de la Loire pour l’aide à la résidence. 100% de la subvention est reversé à des compagnies ligériennes sous forme d’apports en production (participation aux salaires des artistes et techniciens en répétition) et d’achats des premières représentations. Cette aide nous permet également de collaborer avec des structures régionales, voire au-delà, et d’obtenir d’autres financements. En 2024, le montant total des aides versées aux compagnies est de 13 000 Euros.
La suppression brutale du soutien régional n’impacte pas directement le fonctionnement du TCB qui dépend principalement de la Ville d’Angers. Elle fait suite à la baisse de 22% de la subvention de fonctionnement du Département en 2024 qui nous a été signifiée en juillet 2024 sans avoir été prévenu à l’avance.
La fin du soutien de la Région attaque directement le cœur du projet du TCB : le soutien à la résidence est en effet l’essence du lieu depuis son ouverture en 1993. Elle interroge le sens même du projet artistique : pourquoi et comment continuer à soutenir des créations toujours plus fragiles ? Peut-on continuer en proposant des conditions toujours plus dégradées à des artistes et des techniciens toujours plus précarisés ? Que défendons-nous ?
Les conséquences dans les mois à venir sont simples : baisse du nombre d’accueils en résidence, en particulier pour les compagnies hors Maine-et-Loire, baisse de la qualité des spectacles accueillis (car moins de temps de répétition, d’artistes et de techniciens dans les équipes, d’ambitions scénographiques…). Moins de prises de risque artistique aussi.
Nous sommes appelés à faire preuve de « créativité », comme si le secteur ne l’avait pas fait depuis plus de trente ans. Nous avons su baisser les couts à outrance, mutualiser les ressources, diversifier les partenariats. Mais sans soutien public, il ne restera du spectacle vivant que les acteurs pouvant tirer leur épingle du jeu sur le marché, autrement dit pas grand-chose. Qui paierait sa place 60 Euros pourvoir un spectacle au TCB ?
L’aide publique permet l’existence d’une offre culturelle riche et diversifiée, mise à disposition de tout.e.s, sans aucune discrimination : au TCB comme ailleurs, tous les spectateurs-rices sont les bienvenues quelques soient leurs origines ou les idées qu’ils défendent. Sans exception. Défendre la subvention publique dans le secteur culturel n’est en aucun cas un combat partisan mais la défense d’une richesse collective, d’un bien commun en voie de disparition.
