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Cactus
18 novembre 2021 à 20:00
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Comme un voyage dans l’univers de l’abattoir mais aussi à la rencontre de l’Autre, ce spectacle est sous-tendu par une question essentielle : a-t-on le choix de son existence ?
C’est l’histoire d’une rencontre entre Martin, universitaire enfermé dans une vie qui ne lui convient pas toujours et Stéphane, « tueur » dans un abattoir, au bord de la chute. Une histoire d’amitié mais aussi de révélation réciproque ou comment l’altérité, une fois qu’on a accepté de l’envisager, devient source d’apprentissage et de déplacement du regard. Une histoire de chair plus que de sang. Une interrogation sur cet univers complexe qu’est l’abattoir. Un jeu de miroirs troublant entre l’homme et l’animal, entre l’homme et l’homme, entre deux mondes qu’a priori tout oppose.
Travailler sur un texte-témoignage implique de trouver une forme qui ne viendrait pas écraser la parole mais simplement la soutenir, la faire sonner et respirer dans toute sa sincérité. Cela implique de pouvoir retrouver le chemin de son émergence, mais aussi sa difficulté à se conceptualiser, ou au contraire à se contenir émotionnellement. Il me fallait d’abord choisir un interprète qui avait une vraie intimité avec cet univers et une vraie envie de porter ces mots de « tueur » sans les juger ni les écraser. Jérémy Colas, de par son histoire personnelle mais aussi sa physicalité s’est révélé le passeur très juste de ce récit. Pour autant, nous sommes arrivés au constat que la seule parole de Stéphane au plateau, confèrerait à la forme un aspect documentaire trop réaliste pour nous permettre de l’entendre et à Jérémy, un jeu trop naturaliste pour nous toucher. Aussi, est apparue la nécessité de trouver une autre parole pour créer la possibilité du jeu au sens propre, de l’écart.
C’est ainsi que je découvre le texte fascinant d’Isabelle Sorente, 180 jours. C’est un roman, une fiction mais qui a la particularité d’être très documentée tout en conservant une puissance poétique et un style littéraire prononcé. L’autre intérêt de ce texte est qu’il se place non pas du point de vue du tueur mais de celui de Martin, universitaire, plus proche de nous donc et qu’il est plus facile d’incarner. À partir de là, le déclic se produit et toute la forme se dessine dans mon esprit. Cactus sera moins un spectacle sur les abattoirs que sur les profondes questions d’altérité qu’ils suscitent et déplacent. Un spectacle duel.
Marie-Laure Crochant
La compagnie
Au travers des créations portées par la metteure en scène Marie-Laure Crochant, La Réciproque mène un projet d’une vaste ambition : interroger la manière dont se représente le 21e siècle naissant, en bousculant le prêt-à-penser tout en s’autorisant un avenir poétique.Plus d'infos sur la compagnie