Jackie (annulé)
23 avril 2021 à 20:00
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Ce monologue dépeint Jackie Kennedy comme une femme assiégée par la mort et prisonnière des images que les médias créent d’elle, dans un monde politique fait de dupes et de faux-semblants.
Elfriede Jelinek dissèque la souffrance d’une femme qui pour exister fait de son corps une œuvre d’art et un champ de bataille. Elle livre une ode à une tragédienne moderne, rêve et cauchemar d’une jeune fille qui ne choisit pas sa destinée. Jackie, figure brisée d’une Amérique qui voulut créer un conte de fées et imposer son système de mise en scène politique et médiatique. Un portrait dramatique et ironique au travers duquel les femmes et les hommes entrevoient les limites du pouvoir.
Jackie est un texte qui me trouble car il dissèque avec profondeur les méandres d’une société à travers le prisme d’une figure féminine. Ma recherche artistique est animée par ces grandes héroïnes qui me permettent de mettre en voix leurs paroles émancipatrices et sans concession. Elles sont pour moi des consolations à nos questionnements existentiels (la mort, l’amour, le désir, la politique).
Ce texte est à mon sens le moyen d’emmener le spectateur vers une catharsis en mettant en scène une figure qui soulève les souffrances et les humiliations d’un corps féminin emprisonné dans un fantasme médiatique. L’image d’une femme qui se doit de rester éternellement jeune, d’accoucher pour perpétuer le nom de la dynastie en comparaison perpétuelle avec d’autres corps féminins (Marilyn Monroe…). Une femme réduite à son vêtement, sans cesse en contrôle, une femme fabriquée, une femme objet.
À travers ce texte je souhaite parler de la représentation d’un pouvoir corrosif qui détruit la santé mentale. Un pouvoir qui se définit par caste, par clan, par un combat de l’image violent et destructeur qui empêche la pensée de s’exprimer : représentation d’une Amérique qui voulant faire vivre le rêve a créé les névroses et les modèles d’une société d’apparat, d’argent et de reconnaissance. Jackie Kennedy fut l’égérie des grands couturiers et des magazines, modèle d’une femme au foyer et dans l’intime une femme trompée, une femme sous l’emprise de la violence de son mari et d’un jugement permanent de sa caste qui la trouvait trop libre.
Clément Pascaud