Kréatures

Cette fable oscille entre réalisme, fantastique et imaginaire, avec un clin d’œil à un environnement en plein bouleversement qui apportera peut-être son lot d’espèces mutantes.

Traité à la manière d’un film muet, Kréatures nous conte la passion d’Aristide de Panchignac pour les animaux. Dans un monde fictif où la faune et la flore ont disparu de la Terre, Aristide se raccroche à ses souvenirs d’enfant, à l’époque où les mondes terrestres, aquatiques et aériens grouillaient de vie, de mouvements et de cris. Composant avec les bribes de sa mémoire et un bric-à-brac d’objets et de matériaux récupérés, il reconstitue un bestiaire, un cabinet de curiosités qu’il présente au public sous la forme de petites attractions.

Kréatures se veut un spectacle familial poétique comme une ode au plaisir de jouer, de rêver, de s’émerveiller, de s’approprier son quotidien, d’échapper aux diktats de la consommation. Avec l’idée de passer de l’objet, de l’outil « main  » pour toucher l’imaginaire du bout des doigts, déchirer, tordre, démonter, assembler, pour finalement donner vie comme un démiurge maître de son univers. Et un choix esthétique affirmé de puiser dans l’existant avec des matériaux de rebuts pour les transformer, se les approprier et leur permettre de raconter une nouvelle histoire.

La musique est originale et s’inscrit en filigrane du spectacle pour accompagner et renforcer les émotions du jeu visuel, à l’instar des musiques de films que l’oreille perçoit sans que l’on s’y attarde. Tout en sublimant les histoires, avec des références modestes à Nino Rota, François de Roubaix…

Enfin, une volonté d’apporter une contribution modeste à l’avenir du monde avec une réflexion sur l’univers du vivant mis à mal par les activités humaines contribuant à une perte de la biodiversité.

Philippe Chaigneau