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Othello (annulé)
11 décembre 2020 à 20:00
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Quelle vérité sommes-nous prêts à croire ? Jusqu’où sommes-nous prêts à aller ?
Un homme regarde dans son salon le film Othello réalisé par Oliver Parker. Chaque personnage est mimé jusqu’à ce que l’acteur jette son dévolu sur Iago, celui qui représente la trahison, la félonie, la duperie. En reprenant chacune des répliques, il s’inscrit peu à peu dans le dialogue avec les autres personnages enfermés dans le poste de télévision. Un véritable jeu de faux-semblants qui met en relief les valeurs factices et les conduites sournoises que l’on joue au spectateur.
Mon propos n’est pas de mettre en scène Othello mais de me servir d’une de ses adaptations cinématographiques. Il s’agit de transposer un film adapté d’une pièce de théâtre au théâtre (Théâtre-Cinéma-Théâtre). Deux miroirs face à face reflètent un même objet sous des angles différents. L’acteur regarde une version d’Othello dont on entend les répliques sur le petit écran pendant que le spectateur assiste à sa représentation.
Iago est le représentant de la trahison, de la félonie, de la duperie. C’est un personnage qui incarne la posture du comédien, celui qui trompe son monde. Si Shakespeare était l’un de ses protagonistes, il me semble qu’il se reconnaîtrait sous les traits de Iago, l’homme des intrigues, l’homme qui crée des histoires.
Ma démarche de créer de l’illusion s’apparente à celle de Iago qui abuse d’Othello en travestissant la réalité. La mise en scène tentera de comploter pour renforcer les intrigues, la tromperie.
Cette adaptation nous fera entendre moult personnages sans jamais les voir. Ils dialogueront entre eux, pour eux, condamnés à rejouer invariablement la même pièce avec ses mêmes issues, sa même fatalité. N’est-ce pas le propre de la télévision de donner un spectacle sans spectateur ?
Notre projet est de proposer un sabbath, au cours duquel un comédien convoque une foule de protagonistes qui révèle les failles du spectateur, l’incertitude de l’enfant qui façonne son théâtre avec ses jouets et ses démons et la pathologie du schizophrène qui oscille entre le Je et l’Autre.
Abdellatif Baybay