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Pour rire pour passer le temps
25 septembre 2021 à 16:30
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Un texte coup de poing, absurde et obscurément drôle, dans lequel Sylvain Levey pousse à l’extrême la violence du rapport dominants – dominés.
Quatre hommes jouent à la torture. Trois bourreaux, une victime : 2 et 3 encouragent 1 à frapper 4 qui se laisse faire. Devant l’absurdité de la situation, les questions naissent : qu’est-ce qui pousse un homme à frapper, un à encaisser et les autres à encourager cela ? En élargissant le focus et en décortiquant les rapports humains, nous découvrons une multiplicité de violences plus subtiles qui nous permettent de comprendre un peu mieux ce qui se joue fondamentalement.
Sylvain Levey va à l’essentiel. Il ne pose pas de cadre (ni spatial ni politique) ni ne dessine réellement ses personnages. Ils n’existent que par le rôle qu’ils endossent dans ce jeu (bourreau ou victime). Mais à chaque réplique, on sent que la situation pourrait s’inverser. Tout d’abord, une hiérarchie se dessine dans le groupe de dominants. Construite en pyramide, elle permet de comprendre ce qui pousse à la domination de l’autre. La pression du nombre, la menace ressentie pour soi ou les siens, l’impasse dans laquelle on se trouve. Tous les moyens sont bons pour faire pression sur quelqu’un. Quant à l’identité de la victime, celle qui se situe au bas de la pyramide, nous ne la connaissons pas. Elle vient d’ailleurs, elle est différente, d’une autre culture, d’un autre pays. Ce que nous savons, c’est qu’elle se prête au jeu, en accepte les règles. Peut-être par habitude, instinct, réflexe, soumission à l’ordre des choses ou, devant leur absurdité, dans l’espoir de les voir se retourner en sa faveur ? Bourreaux comme victime n’ont pas de nationalité, ne sont pas politisés. Ils sont seulement les rouages d’un engrenage implacable qui se met en mouvement sous nos yeux incrédules. Et c’est précisément cet engrenage qu’il est intéressant de décortiquer. Car outre le propos, il y a un véritable enjeu théâtral.
Juliette Héringer