La liberté du pantin

Un voyage à l’intérieur des écritures théâtrales contemporaines qui réunit des extraits de textes d’une vingtaine d’auteurs et qui forment, ensemble, un récit inédit.

Tout commence dans un univers de cabaret, lieu de tous les possibles. Deux jeunes gens, confortablement installés parmi le public, sont appelés à venir sur scène par une étrange voix. Rapidement, ils s’aperçoivent que le plateau sur lequel on les invite n’est pas l’endroit des réjouissances attendues. En lieu et place du costume théâtral, ils reçoivent un uniforme. La scène se transforme en champ de bataille et ils sont alors embarqués dans une formidable histoire : celle de deux jeunes gens enrôlés dans une guerre qui n’est pas la leur.

Le projet que propose la compagnie Mêtis est né d’une envie première de faire connaître un univers complexe et souvent méconnu : le théâtre contemporain. Au-delà des auteurs comme Bernard- Marie Koltès et Jean-Luc Lagarce, deux dramaturges remarquables mais disparus il y a déjà 30 et 25 ans, la création contemporaine se nourrit d’auteurs aux préoccupations actuelles, et aux questionnements qui font écho à la société dans laquelle nous évoluons. La Liberté du pantin, montage de textes contemporains, s’inscrit pleinement dans ces enjeux de questionnement du monde et de l’art théâtral. Il s’agit avec ce projet artistique d’amener chacun vers le spectacle vivant, et d’appréhender les bienfaits de celui-ci : découvrir un univers moderne, des textes contemporains, une pièce qui se monte et se met en scène en direct, des comédiens au travail. En ce monde abreuvé d’images en tout genre, le retour au réel ne peut être que salvateur.

Selon l’adage, choisir c’est renoncer. Plutôt que de proposer un texte complet et unique d’un seul auteur, il a semblé plus intéressant de se lancer dans un montage, rassemblant des extraits de pièces de dramaturges appartenant à des univers différents, mais réunis autour d’une trame commune : La guerre (au sens large).

Dans le patchwork organisé que nous vous proposons, il est question de guerre et de mort – thèmes intemporels de la littérature, de l’Antiquité grecque au théâtre de Beckett, de Shakespeare à aujourd’hui –, et, au-delà de celles-ci, de la violence absurde du monde. Et des interrogations de ces deux hommes face à leur destin qui leur échappe, effrayés de la disparition du monde, apeurés de leur propre mort. Il y est question tout autant de ce qui peut nous rendre vivant : d’un vol de papillon de nuit dansant trop près d’une lampe, aux souvenirs évoqués, et la poésie, çà et là, pour éloigner la cruauté.

Nicolas Berthoux