L’étoile de Philomène

L’histoire d’un monde qui se tisse à hauteur d’insectes et résonne joyeusement avec nos schémas humains.

Philomène est une araignée qui vit recluse dans un lampadaire. De son poste d’observation, elle est attentive à tout ce qu’il se passe : les allées et venues des passants, les trajets des écoliers, les promenades des chiens, le vol des mouches… Elle foisonne d’idées, philosophiques ou pratiques, profondes ou saugrenues, qu’elle consigne sur sa toile. Mais un accident brise la vitre du lampadaire et Philomène est contrainte de sortir de son abri. Pour la première fois, elle lève les yeux au ciel et aperçoit les étoiles. Persuadée qu’il s’agit-là de ses idées éparpillées, elle se met en tête de les atteindre.

La personnification de tout ce petit peuple de l’ombre (araignées, papillons, abeilles, corneille) crée des parallèles avec notre humanité, dans un registre farfelu, décalé, amusé. La fantaisie permettant de dire le vrai mais sans jugement ni morale. Ainsi, il est plus facile d’observer de loin, ici à la loupe, pour mieux comprendre, appréhender notre monde, notre humanité, en tant que spectateur. Pourtant, c’est la démarche inverse que Philomène, petite araignée craintive et solitaire, va suivre…

Délogée de son poste d’observation, c’est par l’expérience et les rencontres qu’elle va se construire, faire évoluer sa pensée, ses habitudes et finalement changer son mode de vie. Il s’agit, là, de célébrer l’ouverture à l’autre, la tolérance, l’expérimentation. C’est aussi une réflexion à petite échelle sur nos organisations sociétales : modes de vie (individualistes ou collectifs), politiques (gouvernances horizontales ou verticales), relation à l’environnement (écologique ou consumériste), déterminisme (question de la condition). Et grâce aux techniques de projections et d’animations, il sera possible, théâtralement de raconter, par l’image et le son, le tout petit. De faire exister ce monde minuscule à notre échelle, de le mettre au même plan que notre réalité à nous. Toutes les existences ont la même importance, la même valeur et les organisations animales sont précieuses et riches en enseignement.

Au-delà de l’intérêt technique, l’animation permet aussi de créer une esthétique, par les choix de couleurs, dessins et une poétique que viendra appuyer la création musicale et le registre de jeu. Cette pluridisciplinarité est la force de ce spectacle. Elle nous permet de faire entrer un univers entier dans une boîte noire. Humour, Magie, Poésie, Illusion, Réflexion !

Juliette Héringer