Occident

Un concentré d’humanité aussi hilarant que bouleversant qui dissèque au scalpel les rapports d’un couple, dans un incessant voyage entre l’intime et le politique.

Elle l’attend. Rentré chez lui après avoir traîné au “Palace” ou au “Flandres” avec ses copains. Il lui impose le récit de sa soirée en provoquant l’éternelle dispute. Il l’insulte, elle le nargue. Ils se tiennent en face l’un de l’autre dans un rituel terriblement drôle dont la violence laisse pourtant entrevoir une histoire d’amour qui s’effondre et dans laquelle chacun à sa manière tente de renouer avec l’autre. Tandis qu’elle le questionne sans répit, il bascule peu à peu dans l’extrémisme avec “ceux du Front”.

La pièce écrite en 2006 trouve aujourd’hui un écho singulier dans sa description minutieuse d’une descente aux enfers, celle d’un homme séduit par une idéologie nauséabonde, un homme qui se trompe de colère et dont les frustrations intimes le font basculer vers le racisme ordinaire et la peur de l’autre tandis que sa compagne s’enferme dans la solitude et une forme de résignation. À l’heure où une partie du monde s’oriente vers le vote populiste et la peur de l’étranger, où “la bête immonde” revient aux premières loges, Occident nous questionne avec acuité. Peu de psychologie et de réalisme dans ce texte (hormis le nom des cafés, la présence du “Front” et le racisme ordinaire) mais un dialogue corrosif d’une grande efficacité comique qui laisse la place à la créativité.